Vous saisissez un tome de One Piece qui passait pour là pour mieux dissimuler au regard ce que vous allez lire, vous commencez devant la foule :

“Ce qui m’a répugné, c’est de suer sang et eau pour l’aumône d’un salaire, c’est de créer des richesses dont j’aurais été frustré. En un mot, il m’a répugné de me livrer à la prostitution du travail. La mendicité, c’est l’avilissement, la négation de toute dignité. Tout homme a droit au banquet de la vie.”

Du public jaillit des propositions: Kropotkine, Louise Michel, Jacques Tardi, la bande à Bader et même: Eiichiro Oda, l’auteur de One Piece.

Vous voyez bien que Martin, lui, connait la référence, il rigole, il vous sourit. D’ailleurs, c’est même vous qui lui avez offert cette bande dessinée d’où est extrait cette citation. Mais il se tait, atendant de voir si d’autres trouvent. Il est comme ça Martin, généreux. Mais non, vous faites un flop, bon. Après vous, Lucas bondit sur scène et commence un numéro d’imitation de Lucie Castets qui ravit l’assistance. Vous ne pouvez vous empêcher d’être un peu déçu. Mais Martin se détache de la horde d’admirateur qui s’attache à chacun de ses pas, vient vous voir et d’une grande dans le dos, vous dit qu’il avait bien reconnu le discours de Marius Jacob, le cambrioleur anarchiste à son procès et que c’était une super BD, et que… ça vous dit une petite partie de jeu de société? Vous vous dîtes que ce qui est bien, avec Martin, outre son amour des BDs, des manifs et de la radio, c’est sa capacité à toujours être partant pour plein de trucs. Pendant qu’il part recruter des copaines pour se faire un petit top 10 (ou top twenty ou top Cinquante), vous songez qu’il est bon de l’avoir dans votre équipe et que, un jour prochain, quand le vieux monde se délitera, vous serez heureuse ou heureux d’être à ses côtés, un vieux zoom H1 30 minutes d’autonomie à la main, pour enregistrer le son des barricades qu’on érige. Sur ces barricades, avec lui et Lorène et Mona et tout le monde, vous savez que vous pourrez profiter du pique-nique de la vie.

Contexte